Les Disonnants | La voix de l'écologie radicale

Le Prince Charles en a rêvé… nous l'avons fait !

Kangourou fuyant devant les flammes d'un méga-feux en Australie

Écoutez le monde brûler …

À écouter

Publié le par Clément

Chronique issue de Tintamarre Écologique – Episode #1 Que vive le Vivant !

À retrouver ici : https://www.lesdissonants.org/episode1/

Écoutez le monde changer.

Voilà le mantra que nous affiche à la face une station de radio dont je tairai le nom, sachant que notre émission et sa cause n’ont que très peu de chances d’être diffusés sur son antenne, à moins d’un revirement éditorial majeur intimement associé à un objectif marketing répondant aux aspirations sociétales en cours, soit une bonne nouvelle pour nous mais qui n’a que très peu de chances d’arriver – je parle du revirement éditorial, pas de l’évolution des aspiration sociétales.

Écoutez le monde changer. Un slogan crié à la face des pauvres hères que nous sommes. Dans une nouvelle ère, voilà où nous sommes !
Appâter la masse en remuant légèrement les craintes liées à un tel changement c’est assez cocasse. C’est donc que le monde a bien changé.

La décennie a fracassé l’ordre, celui sur lequel la dite station a surfé tranquillement, sans penser aux demains qui commençaient à poindre un peu partout. Et BAM. Le monde change, et voilà t’y pas que l’influence de la station change elle-aussi, mais pas pour le mieux. Quel malheur pour un mass-média d’être complètement à la masse. Écoutez donc le monde changer ; ça peut tous nous sauver, surtout les audiences.

Pour illustrer le propos, un kangourou à l’allure primesautière gambade dans le grand Bush australien ravagé par les flammes. Terrible image, larmoyante réalité qui touchera certainement la ménagère de moins de 50 ans, occupée, on le sait bien, à donner la becquée à sa tribu familiale après s’être enjaillée dans les rayons blafards d’un supermarché où elle a pu trouver des ananas et des pamplemousses venant du plus petit continent du monde – l’Australie donc.

Écoutez donc le monde changer, mais sachez que tout cela chers amis marketeurs, stratèges et tacticiens hors pair de l’audience facile et abrutie, sachez donc que comme le disait Joe Dassin, « il va continuer le monde, ça va pas [le] changer ».

Écoutez le monde brûler aurait été la formule la plus appropriée.

Écoutez le monde brûler aurait été la formule la plus appropriée. D’ailleurs quelques petits rigolos, que certains magazines n’hésiteraient pas – et d’ailleurs n’hésitent pas – à qualifier de terroristes de l’extrême gauche, se sont amusés à radicalement modifier le message : Écoutez le monde changer devient alors Écoutez le monde brûler. Au fond ça n’est qu’un tag sur une affiche, du vandalisme. Mais aussi une observation plus juste, qui balaie toute hypocrisie. Si le monde change aux yeux d’une frange repliée dans sa tour d’ivoire, c’est que ses conditions de bien-être économique, social et même culturel commencent tout doucement à être chamboulées. C’est donc plus facile de penser changement, car celui-ci apparaît comme doux, acceptable. Et on se nappe d’une belle couche de fatalisme, oubliant toutes nos capacités d’action. Et là est le drame.

Quand les gourous de partout pleurent les kangourous, quand les plus habiles se font de la bile pour les wallabys, quand les plus détachés interrogent la disparition d’un tiers des koalas en se disant « c’est quoi là ? » – Bah c’est l’anthropocène mon gars ! -, quand tout ce monde s’agite et s’attriste, restant pantois devant l’étendue de la catastrophe, que lui reste-t-il ? Quel espoir ?  Ne nous tournons pas vers les sphères politiques – pas besoin de donner de noms. Dieu peut-être ? Qui dans sa miséricorde adoucirait les souffrances de Dame Nature, avec laquelle nous faisons corps ? Cherchant ainsi à nous alerter sur les conséquences de notre activité à nous humains ? Les manifestations qui iraient dans ce sens peuvent peut-être nous aider à espérer un tel revirement. Prenons un exemple : la prolifération d’algues qui accélèrent la fonte des glaces au Groenland, donnant ainsi une teinte sanguinolentes aux glaciers du pôle. Une image apocalyptique aux conséquences peu concluantes.

Alors, que faire pour palier le manque de foi spirituelle, collective, humaine et culturelle ? Se bouger le cul bordel ! Dire adieu aux trottinettes électriques, aux escalators, aux applications de marche, et se faire mal avec des sacs de courses, suer en vélo sur les côtés acérées de nos villes bétonnées, retrouver notre souveraineté anthropologique, voilà ! Se comprendre, dans son entièreté, se sentir vivant. Comprendre les liens qui nous unissent aux choses qui nous entourent. Voilà la clef : faire corps – enfin surtout le conscientiser – avec les millions d’acariens qui nous accompagnent au quotidien. Essayer de penser aussi un peu aux kangourous qui sautent sur les braises de la Grande Barrière de Corail…

Alors, écoutez le monde changer, non ! Changez, écoutez le monde. Brûlez, de passion, de colère, d’aspiration. Brûlez, le monde écoute.

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Que vive le Vivant !

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